Beloved de Toni Morrison

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Quatrième de couverture:

Inspiré d’un fait divers survenu en 1856, Beloved exhume l’horreur et la folie d’un passé douloureux. Ancienne esclave, Sethe a tué l’enfant qu’elle chérissait au nom de l’amour et de la liberté, pour qu’elle échappe à un destin de servitude. Quelques années plus tard, le fantôme de Beloved, la petite fille disparue, revient douloureusement hanter sa mère coupable. Loin de tous les clichés, Toni Morrison ranime la mémoire et transcende la douleur des opprimés. Prix Pulitzer en 1988, Beloved est un grand roman violent et bouleversant.

Mon avis:

Si j’avais déjà entendu parler de l’oeuvre de Toni Morrison, je ne pensais pas découvrir ses ouvrages aussi tôt. Mais mon programme scolaire en a décidé autrement et me voilà partie dans une histoire plus que difficile, celle de Sethe.

« Dangereux, se dit Paul D, très dangereux. Pour une ancienne esclave, aimer aussi fort était risqué ; surtout si c’étaient ses enfants qu’elle avait décidé d’aimer. Le mieux, il le savait, c’était d’aimer un petit peu, juste un petit peu chaque chose, pour que, le jour où on casserait les reins à cette chose ou qu’on la fourrerait dans un sac de jute lesté d’une pierre, eh bien, il vous reste peut être un peu d’amour pour ce qui viendrait après. »

Sethe, ancienne esclave enfuie du Bon Abri, a commis ce que le sens commun ne peut pas même imaginer. Sethe a tué son bébé, sa fille bien-aimée Beloved. Et ses trois autres enfants auraient subi le même sort si l’entourage de la jeune femme ne l’avait pas arrêté. Pour protéger la chair de sa chair de l’horreur de l’asservissement, Sethe a choisi d’assassiner ses enfants.
Dix-huit années plus tard, la vie au 124, Bluestone Road, où vivent désormais Sethe et sa seconde fille Denver, anciennement synonyme de partage et de convivialité, s’est transformé en un sinistre endroit. Depuis la mort du bébé, un fantôme semble avoir pris ses quartiers dans la maison de Baby Suggs, belle-mère de Sethe et plus personne dans la ville n’ose approcher la morne bicoque. Même les deux fils de la jeune femme ont fui la maison, même Baby Suggs a arrêté de croire en la vie.
Un jour pourtant, après la foire, une jeune fille à peine plus âgée que Denver arrive au 124. Et des questions se posent autour de cette jeune Noire qui dit s’appeler Beloved, comme le bébé disparue.

« – Pourquoi ? lui demanda-t-il. Pourquoi te crois-tu obligée de réparer pour elle ? De faire des excuses pour elle ? Elle est grande.

– Ce qu’elle est m’est égal. Grande ne veut rien dire pour une mère. Un enfant est un enfant. Ils poussent, vieillissent, mais être grand ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Dans mon cœur, ça n’a aucune signification. »

Derrière cette histoire ayant réellement eu lieu, Toni Morrison raconte l’horreur de l’esclavage dans les États-Unis du XIXème siècle. Derrière l’histoire de Sethe se trouve le passé du peuple Noir, peuple réduit à l’asservissement. L’auteure décrit la vie quotidienne des esclaves, leur travail dans les champs ou en tant que domestique pour les Blancs. De nombreuses scènes sont dures, celles qui m’ont le plus révoltée restent les épisodes du mors ainsi que le moment où les Blancs retirent le lait de Sethe. J’ai apprécié cette description de la société, de cette division Blanc-Noir qui permet de comprendre (ou non) le geste de Sethe. Dans tous les cas, j’ai aimé en savoir davantage sur leurs conditions.
Mais au-delà de l’aspect historique qu’approche Toni Morrison, reste le lien mère-fille et cet amour partagé. Je dois dire que l’appréciation de cet ouvrage tient pour beaucoup à la relation entre Sethe et ses filles, et notamment entre Sethe et Beloved. On assiste clairement à une scène de retrouvailles à laquelle je n’ai pas été indifférente.
Petit bémol seulement, la part de surnaturel dans le livre m’a souvent déplu, même si je dois dire que l’auteure est plutôt subtile dans ses passages d’au delà grâce à l’emploi de métaphores récurrentes et une description des sentiments qui a su me toucher, le mélange réalité et surnaturel m’a parfois fait perdre pied lors de ma lecture. D’autant plus que certains passages descriptifs ont été parfois longs, pour ma part.

J’ai beaucoup aimé ce livre, aussi dure l’histoire soit-elle.

Ma note : 4,5/5

« – Quand je vous ai quittés, ces gars sont venus et m’ont pris mon lait. Ils sont venus exprès pour ça. Ils m’ont maintenue de force et ils l’ont pris. Je les ai dénoncés à madame Garner. Elle avait cette boule et ne pouvait pas parler, mais les larmes lui ont ruisselé des yeux. Les gars ont appris que je les avais dénonces. Maître d’Ecole en a obligé un à m’éclater le dos, et quand ça s’est refermé, ça a fait un arbre. Il y pousse toujours.
– Tu as eu droit au fouet ?
– Et ils m’ont pris mon lait.
– Ils t’ont battue, et t’étais enceinte ?
– Et ils m’ont pris mon lait ! »

10 réflexions sur “Beloved de Toni Morrison

    • C’est vrai que l’intrigue a été parfois compliqué à comprendre mais les thèmes abordés m’ont tellement plu que j’ai réussi à passer outre et ai apprécié réellement ma lecture 🙂
      As-tu lu d’autres livres de cette auteure ?
      Je vais aller voir ta critique !

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      • Alors non pas encore, mais si je donne une seconde chance à l’auteure ce sera certainement avec « Home ». 🙂
        C’est vrai que l’intrigue est parfois compliquée. J’ai aussi été marquée par de nombreuses scènes. Bref, même si je n’ai pas accroché à 100% c’est un roman qui me laissera longtemps en mémoire !

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      • J’irai lire la quatrième de couverture de ce roman alors 🙂
        C’est bien si tu te souviens encore de l’oeuvre, même si tu ne l’as pas trop aimé, il ne t’a pas laissé indifférente et je trouve ça bien !

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      • Je pense que ses autres romans pourraient te plaire étant donné que tu as accroché à celui-ci. 🙂 Toni Morrison semble reprendre plus ou moins les mêmes thématiques : la ségrégation, le racisme.
        Oh oui et je pense que je ne l’oublierai pas. On aime ou pas, mais il reste un roman fort. Trop fort pour moi pour que je puisse vraiment aimer, mais j’ai été touchée. Pour moi, c’est un roman qui ne peut pas laisser de marbre son lecteur.

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