La fantaisie des Dieux: Rwanda 1994 de Patrick de Saint-Exupéry et Hippolyte

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Quatrième de couverture:

Il n’y avait plus de mots. Juste ce silence. Épais, lourd. C’était un génocide, celui des Tustsis du Rwanda, le troisième du XXe siècle. Il faisait beau, il faisait chaud. Nous avions pénétré le monde du grand secret. Sur les collines de Bisesero, des instituteurs tuaient leurs élèves, des policiers menaient la battue. C’était la « grande moisson ». François Mitterrand niait « le crime des crimes ». Comment raconter ?

Mon avis:

La fantaisie des Dieux : Rwanda 1994 est une bande dessinée reportage sur le génocide rwandais de 1994. À l’époque, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, part sur place couvrir les événements. Vingt ans plus tard, il retourne sur les lieux avec Hippolyte, dessinateur spécialisé dans la BD de reportage.

Cette bande dessinée, entre passé et présent, revient sur le massacre du peuple Tutsis par les Hutus. À partir des témoignages des rescapés et de sa propre expérience auprès des troupes françaises, Patrick de Saint-Exupéry retrace cet épisode sanglant de l’histoire, troisième génocide du XXe siècle. La violence des attaques et la peur des victimes sont décrites avec justesse tout comme l’incompréhension et l’impuissance des militaires français face à un gouvernement qui fait la sourde oreille. Certaines planches semblent hors du temps et mettent le lecteur face à des questionnements qui restent en suspens. Malgré ces quelques zones d’ombre, le récit demeure à la fois touchant et enrichissant.

Les illustrations d’Hippolyte rendent ce reportage encore plus réussi. Les couleurs douces de l’aquarelle dépeignent parfaitement la nature splendide du pays et entrent en contraste avec les horreurs du génocide. Quelques photographies en noir et blanc parsèment également l’ouvrage, offrant encore une plus grande humanité à ce récit.

Merci à ma tutrice de stage de me l’avoir conseillé, il y a des pépites dans son CDI !

Ma note: 4,5/5

L’avis de Des flâneries et des mots

« Folie, organisation, déni. La folie est une excellente meneuse d’hommes. L’organisation est la condition de la démultiplication du crime. Le déni sa soupape. Un génocide est une folie raisonnée. »

« Les génocidaires accueillaient les Français en amis. Ils étaient sûrs que nous venions les aider à finir le « travail ». Comme si les Alliés été accueillis en sauveurs par les nazis dans les camps de la mort… C’est aussi simple que ça. Aussi terrible. »

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L’adoption, tome 1 : Qinaya de Zidrou et Arno Monin

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Quatrième de couverture:

« L’amour ne se vole pas. L’amour ne s’achète pas. L’amour se mérite. »

Lorsque Qinaya, une orpheline péruvienne de 4 ans, est adoptée par une famille française, c’est la vie de tous qui est chamboulée. Les parents essaient de lui faire oublier le drame qu’elle a vécu. Maryse se découvre un caractère de mamie gâteau et les amis du couple apprivoisent doucement cette petite qui s’adapte à sa nouvelle vie. Mais pour Gabriel, ce sera plus compliqué : il faudra apprendre à devenir grand-père, lui qui n’a jamais pris le temps d’être père.
Des premiers contacts distants aux moments partagés, Gabriel et Qinaya vont peu à peu nouer des liens que même le vieux bourru était loin d’imaginer.

Mon avis:

Un tremblement de terre dans la région d’Arequipa, au Pérou, fait des milliers de victimes. Devant leur téléviseur, Gabriel et sa femme Maryse voient l’ampleur des dégâts, mais comme tout ce qui se passe loin de soi, l’événement sera vite oublié. Et pourtant, ce séisme qui semblait n’être qu’un malheur parmi tant d’autres sera le point de départ d’une nouvelle vie pour nos deux petits retraités.

Loin des traumatismes de son pays, Qinaya retrouve la chaleur d’une famille dans les bras de ses nouveaux parents, Alain et Lynette. Elle est aussi entourée de sa douce mamie Rysette et de son papi Gabriel, beaucoup plus réticent à l’idée de cette récente arrivée. Le rôle de grand-père est difficile à assumer lorsqu’on n’a pas rempli celui de père. Gabriel est un retraité bougon dont il ne faut pas bousculer le train-train quotidien. Il y tient à ses  rendez-vous sportifs avec les Gégés et le repas gargantuesque qui s’en suit, à l’entretien de son potager ou à ses heures de lecture… Quand bien même cette routine va se retrouver bouleversé par un petit être haut comme trois pommes.

Zidrou décrit avec tendresse la relation naissante entre un grand-père et sa petite fille. On suit les avancées de chacun cherchant à apprivoiser l’autre et à trouver sa place dans cette nouvelle vie. Les planches dépeignent le quotidien de ces personnages qui sont un peu nous. Je le sais maintenant, Zidrou a le talent de raconter le quotidien avec ses joies et ses peines comme personne. Comme nombre de ses ouvrages, L’adoption a su me toucher autant qu’il m’a fait sourire. Je le sais maintenant, Zidrou est une valeur sûre !

Du côté des illustrations, on n’est pas moins séduit. Les traits d’Arno Monin sont aussi délicats que l’histoire qui nous est racontée. Les couleurs lumineuses et réconfortantes des planches viennent parfaire le tout.

J’ai adoré et j’attends avec impatience la suite.

Ma note: 5/5

L’avis de Moka

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Mauvais Genre de Chloé Cruchaudet

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Quatrième de couverture:

Paul et Louise s’aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l’enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché dans une chambre d’hôtel. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d’identité. Désormais il se fera appeler Suzanne. Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, le couple va alors connaître un destin hors norme. Inspiré de faits réels, Mauvais Genre est l’étonnante histoire de Louise et de son mari travesti qui se sont aimés et déchirés dans le Paris des Années folles.

Mon avis:

Paris, 1911. Paul et Louise avaient prévu de faire pousser des fleurs (pleines de vase) dans le jardin d’hiver de leur future petite maison. Ils en avaient plein, de jolis projets, mais l’Histoire ne leur accordera pas. Paul et Louise viennent seulement de célébrer leur union, que le jeune époux est appelé à combattre. L’heure n’est plus aux rêves d’avenir mais à la survie. Paul voit ses compagnons mourir, sombrer dans la folie, l’horreur est insupportable et l’événement de trop pousse Paul à devenir déserteur. Aidée de sa Louise, il se terre dans un hôtel miteux. Seul dans sa chambre, les journées traînent lentement. Louise partit faire vivre tant bien que mal son couple, retrouve, le soir, un mari exécrable. Paul rumine sa solitude, jusqu’au jour où il pense trouver la solution. Si vivre sous l’identité de Paul reste dangereux, se grimer sous les traits d’une femme n’éveillerait aucun soupçon. C’est ainsi que née Suzanne, Suzy pour les intimes, car cette demoiselle n’a pas fini de s’inviter dans le couple et dans l’esprit de Paul.

Adapté du récit historique La Garçonne et L’Assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman, Mauvais Genre est bien plus qu’une bande dessinée sur le travestissement. Elle conte l’histoire vraie de Paul Grappe et Louise Landy bousculée au début de la Première Guerre Mondiale. La terreur et les traumatismes de la guerre parcourent les planches et sont sans cesse rappelés par les tons sombres de l’illustration. Une teinte de rouge vient parfois twister la douleur et nous retrouvons l’effervescence du Paris des Années Folles.

La quête de soi est au centre du récit, nous voyons un Paul laissé toute sa place à Suzanne et s’épanouir dans ce nouveau rôle. Chloé Cruchaudet a su cerné ce personnage double et complexe et en a extrait toute sa beauté. Louise n’est pas en reste, commence alors une sorte de triangle amoureux, lourde de conséquences et les désillusions prennent part à la danse.

Mauvais Genre est une œuvre très forte. À lire !

Ma note: 4/5

Lisez aussi les avis de Moka, Mes pages versicolores et La bibliothèque de Bénédicte !

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Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro

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Cette drôle d’histoire commence au supermarché. Fabrice, caddie plein, arrive à la caisse, mais sacrilège, il n’a pas sa carte de fidélité. Il s’excuse de ce simple oubli, prétexte une simple erreur de pantalon, malheureusement la caissière et le vigile ne sont pas dupes et demandent à l’énergumène de les suivre. Pris de panique, l’homme menace la sécurité d’un poireau et s’enfuit. S’ensuit cavale et course folle pour retrouver l’ennemi public n°1, qui a en plus la mauvaise idée d’être auteur de BD…

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Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ? Oui, vous avez bien lu, voici un monde où notre carte de fidélité est notre identité même, où le poireau est une arme aussi dangereuse qu’un poignard, où le métier de dessinateur n’est pas des plus recommandables. Pourtant derrière cette absurdité débordante, matière à rire, c’est les travers de notre société que tourne en dérision l’auteur. Une pléthore de sujets passe sous les yeux rieurs de Fabcaro : consommation, médias, politique, valeurs et même le statut de dessinateur. On s’amuse à relire des passages hilarants, à s’épater devant ses chutes plus barrés les unes que les autres. Fabcaro fait preuve d’une imagination aussi fantasque que lucide qui s’allie à merveille aux traits minimalistes des illustrations et à cette drôle de couleur caca d’oie.

Une bande dessinée qui a rempli son défi, après ces derniers jours moroses… Un quasi coup de cœur !

Lisez aussi les avis de Folavril et Celina !

Ma note: 4,5/5

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Jane, le renard et moi de Fanny Britt et Isabelle Arsenault

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« Je suis une saucisse de Toulouse. Un ballon de football. Un bébé truie. Une bouteille d’Orangina. Un coussin à fourchettes. Je fais fuir les garçons. Et les renards. »

Hélène ne s’aime pas trop. Elle ne voit en elle que ce que les autres écrivent sur la porte des toilettes de l’école. Ses amies ne le sont plus. Elle voit la vie en gris. Pour ne pas être seule, elle se réfugie dans la lecture du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë. Un parallèle se crée entre le destin d’Hélène et celui de Jane. Cette dernière lui donne un peu de courage, un répit qu’elle n’ose pas demander. Quand Jane est là, le monde retrouve un peu de ses couleurs et de sa saveur. Jane Eyre ou le coup de pouce qu’il fallait pour revenir à la vie ?

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J’ai entendu parler de Jane, le renard et moi sur le blog de Madame lit. Elle y présentait un roman graphique tout en émotion, qu’il fallait absolument que je découvre. Il faut dire que le thème me parlait un peu. Une adolescente qui s’échappe de son quotidien à travers la littérature, je connais. Sans avoir connu le harcèlement scolaire, il est vrai que j’ai souvent cherché des réponses dans mes livres, que je me suis identifiée à des personnages et qui ont contribuer à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. Hélène est une jeune fille qui doute, elle ne sait pas encore que les gens qui la méprisent ne méritent pas son attention, tandis qu’il y aura toujours un « renard », un(e) autre qui l’aimera comme elle est. Une belle histoire donc, qui plus est, fort bien écrite par Fanny Britt dont l’univers sonne juste. Sa plume est douce et poétique. Quant à l’illustratrice, Isabelle Arsenault, ses dessins sont fabuleux. Tantôt dans les tons noir et blanc, tantôt dans une explosion de couleurs, toujours réussis. Finalement, plume et aquarelles s’entendent à merveille.

À mettre entre toutes les petites et grandes mains !

Merci Madame lit pour ce moment !

Ma note: 4/5

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Le journal d’Aurore, tome 1 de Marie Desplechin et Agnès Maupré

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Quatrième de couverture:

« Jeune fille seule comme un rat, affligée d’un physique monstrueux et d’une famille ennuyeuse, certainement athée, probablement lesbienne, détestant la terre entière, cherche jeune homme pour l’aimer à la folie… »

Ado moyenne d’une famille moyenne, Aurore a une vie dramatiquement lamentable, probablement déjà ratée… en pire !

Les dialogues malicieux de Marie Desplechin se marient joyeusement au dessin inventif d’Agnès Maupré, pour brosser un portrait plein de drôlerie, de finesse et d’intelligence qu’on ne se lasse pas de lire et relire.

Mon avis:

Merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres.

Lorsque mes yeux se sont arrêtés sur ce titre à la dernière Masse Critique, je suis retombée quelques années en arrière. Ces années collège où une copine de classe me prêtait les romans de Marie Desplechin sur une ado aussi singulière qu’universelle. Je me souviens de cette grande rouquine sur les couvertures de L’école des loisirs et de ses répliques poilantes.

Aujourd’hui, Aurore a changé, elle est brune, plutôt garçon manqué mais se cherche toujours beaucoup. En éternel conflit avec ses sœurs, ses parents, l’école, Aurore est en pleine crise existentielle et s’imagine que sa vie est une catastrophe. Heureusement, elle peut compter sur sa voisine et meilleure amie Lola qui entend tous ses malheurs et ses questionnements. Une question revient souvent, celle à laquelle on pense tout le temps à son âge, l’amour.

Le duo Marie Desplechin et Agnès Maupré offre une bande dessinée complètement dans l’air du temps où elles mettent en lumière les déboires de bien des ados. La peur de grandir, celle de ne pas savoir dire l’amour qu’on porte à sa famille, la peur d’être laissée et abandonnée, celle de ne pas savoir aimer et être aimé en retour, la peur d’échouer. Les thèmes entourant ces questions sont traités avec humour, même si je n’ai pas retrouvé le panache qui avait rendu Aurore presque incontournable, il y a quelques années. Aussi, j’ai aimé découvrir les illustrations d’Agnès Maupré, colorées et pétillantes, pleines de détails du quotidien. L’allure qu’elle donne à ses personnages a également eu son effet sur moi. Celle d’une allure nonchalante qui est aussi adorable à regarder qu’elle doit être à la dessiner.

En bref, il m’a manqué un petit quelque chose dans cette bande dessinée. Peut-être que si je n’avais pas lu les romans auparavant, cela aurait été différent, ou bien, peut-être, simplement, ai-je grandi et Aurore m’a semblé plus agaçante ? Alors voilà sans doute, ai-je perdu un peu de ma légèreté, mais les collégiens et collégiennes qui liront cette BD seront, quant à eux, ravis de trouver bien pire qu’eux !

Ma note: 3,5/5

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Ninn, tome 1 : La ligne noire de Jean-Michel Darlot et Johan Pilet

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Quatrième de couverture:

– On t’a trouvée dans ton couffin sur un quai de la station Saint-Sulpice ! Pas dans la jungle !
– Elle change sans arrêt, ton histoire, tonton…

Mon avis:

Prenez votre ticket et descendez les marches du métro parisien. Suivez Ninn entre les différentes stations, entrez dans un monde que vous pensiez connaître…

Ninn vit avec ses deux tontons adoptifs RATPistes. Ils l’ont trouvé alors qu’elle était tout bébé dans un des souterrains. Depuis elle y passe ses journées, et ne jure que par ça. En plus d’être son lieu d’aventures, le métro parisien cache aussi le secret de ses origines.

Avec ses oncles, la gentille dame du kiosque, ce vieil homme qui chasse des papillons imaginaires et le tigre de papier, la petite fille en skate va se lancer dans une quête identitaire. Ninn est une enfant intrépide très attachante. Elle n’a pas froid aux yeux et on aime s’aventurer avec elle dans les tunnels du métro. Les décors sont précis, j’ai trouvé le lieu très original et aimé la façon dont mon imagination a été suscitée.

Bourrée de péripéties, de frissons et d’humour, cette histoire est une vraie pépite jeunesse. À quand la suite ?!

Ma note: 4,5/5

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Un petit goût de noisette de Vanyda

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Quatrième de couverture:

Quel est le cri de l’ours en néerlandais ?
Qu’est-ce qu’un moment parfait ?
Est-ce qu’on leur tous les soirs
pour renaitre le lendemain matin ?

Et si on était tous des écureuils
à la recherche de la plus belle noisette ?!

Mon avis:

Des petites histoires toutes imbriquées les unes dans les autres où l’amour est au centre des esprits. Une enfant fascinée par son voisin étudiant. Une jeune femme qui retrouve son amour de jeunesse, qui en aime une autre. Une femme entichée d’un homme déjà pris. Un homme qui rate toujours le coche lorsqu’il est question d’amour, un autre qui n’y croit plus…

Voici une ribambelle de personnages dont Vanyda nous dessine le quotidien. Des hommes et des femmes perdus dans leurs tourments affectifs qui rêvent de passion et de tendresse. Des histoires de rencontres, de patience, de confiance et d’espoir.

Le trait de l’auteure raconte à merveille ses tranches de vie. Des illustrations dont le noir et blanc est rehaussé d’une touche de couleur vibrante, symbole d’un personnage particulier. Chaque visage m’a touchée, et plus précisément, les profils des différents personnages, que j’ai trouvé simplement émouvants.

Une bande dessinée prise par hasard dans les rayons de la bibliothèque, après avoir lu un bien joli billet chez Moka. Son avis poétique ici.

Ma note: 4,5/5

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Abélard de Régis Hautière et Renaud Dillies

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« Personne n’est innocent ! On est tous coupables de quelque chose ! Hommes, femmes, tous ! Sauf peut-être les enfants. Mais les enfants sont des cons. »

Depuis qu’il a croisé la route de la ravissante Épilie, Abélard en a assez de la tranquillité du marais. Les parties de cartes, la pêche, c’est bien joli, mais ça ne vaut pas l’amour qui vient d’électrifier son petit corps. Il irait bien lui décrocher la lune à sa belle. Seul moyen de la séduire, paraît-il. Pour ça, le candide canari entreprend un voyage vers l’Amérique. Elle seule à la capacité de l’envoyer dans les étoiles.

Partir à l’aventure, voilà ce que promet l’amour au frêle Abélard. Lui, qui ne connait pas la réalité du monde, compose sa vie à partir des bouts de papier philosophiques qu’il trouve sous son chapeau. Des rencontres, il va en faire. Des bonnes et des moins bonnes. Mais il en faudrait bien plus pour le faire reculer. C’est sa vie qu’Abélard est en train de vivre…

Je crois que cette BD jeunesse est l’une des plus belles que j’ai pu lire. Il y a les dessins aux traits épais qui dessinent les contours de ces animaux extraordinaires. Ces couleurs chaudes qui font qu’on se sent un peu ailleurs, avant. Et des textes qui ne pourront laisser indifférents. C’est humain, c’est poétique, c’est beau. Je vous laisse le plaisir de vous y jeter. Elle vaut vraiment d’être lue. (surtout si comme moi vous finissez par la trouver au fond d’un bac oublié de la bibliothèque municipale…)

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« C’est joli, une étoile. Mais est-ce que ça vaut une fleur ? Et d’abord, ça sent quoi, une étoile ? Si ça se trouve, ça pue… »

Vous savez bien si vous avez lu le précédent tome, quelle rencontre rocambolesque a fait notre cher Abélard et vers quelle contrée lointaine se dirigent ce drôle de duo. Là encore, les yeux naïfs du petit canari vont se poser sur la dure réalité du monde. Pourtant, l’optimisme n’est plus vraiment à l’heure du jour. L’album se pare d’un voile sombre. Un tournant est en train de se faire… Et pourtant.

Je ne peux pas vous en dire plus, j’aimerais, mais ce serait dommage. Vous perdrez le plaisir de découvrir chaque nouvelle planche avec délectation, vous manquerez cette petite citation qui fait mouche, vous oublierez cette bande dessinée. Et oui, vraiment, ce serait dommage.

❤ ❤ ❤

Les blogs sont vraiment de chouettes choses… Merci Moka !

Les équinoxes de Cyril Pedrosa

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Quatrième de couverture:

– Mais peut-être que c’est pas si mal, tous ces doutes.
– Comment ça ?
– Ben, tu vois… ça crée un déséquilibre… mais qui met en mouvement.

Pendant les équinoxes, la durée du jour égale celle de la nuit, comme si le monde trouvait alors l’équilibre parfait entre l’ombre et la lumière. Un équilibre fugitif, semblable à l’enjeu de nos destinées humaines. Un récit en quatre tableaux, quatre saisons, traversées par des personnages de tous horizons géographiques ou origines sociales. Des êtres aux équilibres instables qui croiseront d’autres solitudes. Ils tisseront, les uns avec les autres, le fil ténu d’une conscience tourmentée par l’énigme du sens de la vie. Chaque saison a son identité graphique, chaque voix également. Auteur majeur de la bande dessinée contemporaine, Cyril Pedrosa signe ici une oeuvre polyphonique d’une intensité et d’une sensibilité narrative unique. Et jamais sans humour.

Mon avis:

Quatre saisons et une pléthore d’âmes esseulées.

Une photographe qui capture dans son objectif les solitudes, miroirs d’elle-même. Une adolescente qui grandit. Un homme à bout de souffle. Deux hommes à bout de souffle. Une élue. Des frères.

Vacillant entre chacune de ces vies, Cyril Pedrosa conte ces vies perdues qui se croisent et se mélangent, à l’image de la couverture. Automne. Hiver. Printemps. Été. Chacune des saisons à son art et sa technique pour créer des atmosphères toutes particulières. L’émotion est bien là. L’auteur capte l’instant avec justesse, l’humain est beau même dans ses erreurs.

À côté des planches, des textes. Le croisement d’un regard dans la rue et la vie du personnage nous est chuchotée. Étrangement, au lieu de me captiver, ses écrits m’ont parfois lassé et ont chagriné ma lecture. Mais, l’oeuvre reste magistralement orchestrée et me suivra longtemps. Un ouvrage intime dont j’ai compris la portée une fois la dernière page tournée…

Ma note: 4,5/5

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