Hugo de la nuit de Bertrand Santini

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« Longtemps, les enfants pensent qu’ils obtiendront toujours des réponses. C’est en réalisant peu à peu leur erreur que l’euphorie de la jeunesse commence à s’estomper. »

Hugo vit au domaine de Monliard avec ses parents, Hélène et Romain, sa nounou Aza et sa chienne Fanette. Ils filent de jours heureux jusqu’à la découverte d’un puits de pétrole enfoui sous le cimetière de Dorveille, près de la maison. L’or noir attire rapidement les convoitises dans le village. Par une chaude nuit d’été, Hugo se réveille, va dans la cuisine et fait face à un homme armé. Hugo meurt la nuit de sa douzième année.

Hugo de la nuit est un roman fantasque alliant humour et gravité. Sous ses allures de conte fantastique, il aborde le thème de la mort en offrant de réelles réflexions. Si le ton est, à plusieurs reprises, grave et même cruel, il ne manque pas de drôlerie lorsque Hugo rencontre les pensionnaires du cimetière de Dorveille. Les personnages délicieusement timbrés rappellent l’univers des films de Tim Burton.

La plume de Bertrand Santini joue aussi de cette oscillation entre comédie et tragique. L’écriture se veut à la fois fluide et poétique, parfaite pour plaire aussi bien aux plus jeunes qu’aux grands.

Reste que je me suis sentie extérieure à l’histoire, peut-être la brièveté du roman y est-elle pour quelque chose, mais il m’a manqué un je-ne-sais-quoi pour vraiment apprécier Hugo de la nuit. J’irai tout de même à la rencontre des autres romans de l’auteur car il possède un talent indéniable.

Ma note: 3,5/5

Les avis de Noukette et Folavril

« – A table, ma chérie ! La tarte est délicieuse !
– Mais je surveille Hugo ! répondit la fillette.
– Ne t’inquiète pas, la rassura la vieille dame. Il va bien ! Il est mort ! »

Je m’appelle Mina de David Almond

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Quatrième de couverture:

Mina, 9 ans, vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Le plus souvent réfugiée dans son arbre à l’abri du monde, elle joue avec les mots, invente des histoires, raconte sa vie de tous les jours, le bonheur de regarder la vie d’en haut, parmi les oiseaux, loin du monde d’en bas, où elle a eu si peur. C’est d’amitié et de la liberté que nous parle Mina. Écrire son journal intime lui permettra-t-il de nous confier son secret et d’enfin s’ouvrir au monde ?

Mon avis:

Commencer d’abord en criant MERCI au délicieux blog Les grands yeux jaunes pour avoir déposé sur mon chemin ce superbe livre…

Mina aime les mots. Ils sont son île, son refuge, sa cour de récréation. Elle joue avec, les triturent pour les transformer à sa convenance, pour en extraire les plus douces folies, pour y repousser encore les limites de son imagination. Les pages de son journal n’offrent aucun rempart à ses défis auxquels le lecteur est, d’ailleurs, invité à prendre part. Seuls restent les doutes qui enflent et prennent une place qui va bien au delà de mots posés sur un cahier.

Mina ne va plus à l’école depuis qu’elle a compris qu’elle n’entrait pas dans le moule (ou en tous cas pas dans celui de Mme Scullery). C’est alors sa maman qui lui fait la classe et essaye de l’ouvrir au monde, car Mina n’en voit plus qu’une partie, une partie négative qui l’éloigne des autres. Mina, jeune enfant éprise de liberté, d’une entièreté sans borne et rêveuse à plein temps doit panser craintes et souffrances pour vivre dans le monde fantastique et terrifiant de la réalité.

David Almond a écrit un roman jeunesse comme je les adore. Un livre qui ne prend pas ses lecteurs pour des jambons ou, autrement dit, qui sonne juste. Je m’appelle Mina traite de ce drôle de moment qu’on appelle « grandir », de cet instant où on ne sait plus où est notre place dans le monde, de ces jours où l’incompréhension est trop importante pour se cogner une nouvelle fois à la réalité. Le personnage de Mina fait preuve d’une lucidité débordante, ses écarts de folie et ses réflexions plus graves, philosophiques même, sur la vie et le monde m’ont énormément plu. Ils ont fait écho aux interrogations que se posaient la petite fille que j’étais autrefois mais aussi aux craintes de la jeune adulte d’aujourd’hui. La rencontre de cette petite Mina me laisse dans une tendre mélancolie, mais surtout dans une belle parenthèse poétique, car je vous l’assure les mots de Mina sont magiques !

Lisez aussi les jolis articles de Powoui et de L’âme des mots, blog découvert par hasard et quel plaisir !

Ma note: 5/5

« Les mots devraient flâner et vagabonder. Ils devraient voler comme des chouettes, voleter comme les chauves-souris et se faufiler comme les chats. Ils devraient murmurer, crier, danser et chanter.
Parfois, il ne devrait pas y avoir de mots du tout.
Juste le silence.
Juste le pur espace blanc. »

Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs

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Quatrième de couverture:

Une histoire merveilleusement étrange, émouvante et palpitante.
Un roman fantastique qui fait réfléchir sur le nazisme, la persécution des juifs, l’enfermement et l’immortalité.

Jacob Portman, 16 ans, écoute depuis son enfance les récits fabuleux de son grand-père. Ce dernier, un juif polonais, a passé un partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l’avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d’un orphelinat pour enfants « particuliers ». Selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d’enfants doués de capacités surnaturelles, censées les protéger des « Monstres ».

Un soir, Jacob trouve son grand-père mortellement blessé par une créature qui s’enfuit sous ses yeux. Bouleversé, Jacob part en quête de vérité sur l’île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n’a plus aucun doute : les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux ? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous ? Et s’ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela paraisse…

Mon avis:

Une longue réflexion suivie la fin de ma lecture de Miss Peregrine et les enfants particuliers. Comment évoquer un livre dont on a été déçue alors que tout le monde l’a aimé et acclamé ? Etait-il vraiment nécessaire d’écrire cet article ? Que pouvais-je bien encore apporter à tout ce qui avait déjà été dit ? Mais aux risques d’attirer les foudres de certains lecteurs, j’ai décidé, au moins pour moi, de mettre les mots sur une petite déception.

Revenons au tout début, Miss Peregrine et les enfants particuliers est un roman qui m’intriguait énormément, d’un côté, par l’objet lui-même. La couverture est mystérieuse, le titre a une sonorité exquise et la typographie est aussi belle qu’étrange. J’ouvre le livre et hop ma curiosité est une fois de plus mise à rude épreuve, les pages alternant entre l’histoire de Jacob et des photographies en noir et blanc. Un véritable plus qui donne toute son originalité au roman. Dans ma tête, j’aimais déjà cette Miss et ne demandais qu’à rencontrer ses drôles de marmots.

Des photos c’est bien sympa, mais l’histoire, qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle dit que Jacob Portman a 16 ans, que depuis qu’il est petit, son grand-père lui parle d’une maison où vivrait des enfants un peu différents et que ce qu’il prenait pour des histoires à dormir debout auraient peut-être un lien avec la récente mort louche et atroce de son grand-père. C’est donc un adolescent tourmenté qui se rend sur l’île de Cairnholm, au large des côtes du Pays de Galles, décidé à trouver des réponses.

Ben zut alors, de quoi tu te plains ma pauvre Lucette ? La mayonnaise n’a pas pris. C’est tout simple et c’est triste à dire, mais je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire. Je ne me suis pas vraiment attachée à ce pauvre Jacob, j’avais comme l’impression qu’il n’avait pas d’âge, il pouvait être très puéril et l’instant d’après un jeune ado responsable (dans ma tête c’était très flou pour lui donner une tête). En revanche, j’ai beaucoup aimé les personnages féminins et particulièrement Miss Peregrine Faucon herself ou Emma Bloom, la comparse de Jacob, elle a un caractère bien trempée et j’ai aimé l’idée qu’elle soit à la fois la fille du passé et celle du présent (et ouais t’es obligée de lire le livre si tu veux comprendre ma phrase ;))

Voilà, pour ne plus trop en dire, mais en justifiant mon avis mitigé, je dirai que les péripéties ne m’ont pas transportées plus que ça, qu’il y avait un petit côté déjà vu, alors que je ne suis pas vraiment une habituée du genre et que l’écriture m’a laissé malheureusement insensible.

C’est un peu râpé pour moi, même si les photographies et Emma Bloom rattrapent le tout. J’espère que vous m’aimez quand même toujours.

PS : J’attends tout de même avec impatience l’adaptation de Tim Burton, je voudrais que ce film me remette le pied à l’étrier afin d’envisager la lecture du tome 2.

Ma note: 3,5/5

Jane, le renard et moi de Fanny Britt et Isabelle Arsenault

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« Je suis une saucisse de Toulouse. Un ballon de football. Un bébé truie. Une bouteille d’Orangina. Un coussin à fourchettes. Je fais fuir les garçons. Et les renards. »

Hélène ne s’aime pas trop. Elle ne voit en elle que ce que les autres écrivent sur la porte des toilettes de l’école. Ses amies ne le sont plus. Elle voit la vie en gris. Pour ne pas être seule, elle se réfugie dans la lecture du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë. Un parallèle se crée entre le destin d’Hélène et celui de Jane. Cette dernière lui donne un peu de courage, un répit qu’elle n’ose pas demander. Quand Jane est là, le monde retrouve un peu de ses couleurs et de sa saveur. Jane Eyre ou le coup de pouce qu’il fallait pour revenir à la vie ?

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J’ai entendu parler de Jane, le renard et moi sur le blog de Madame lit. Elle y présentait un roman graphique tout en émotion, qu’il fallait absolument que je découvre. Il faut dire que le thème me parlait un peu. Une adolescente qui s’échappe de son quotidien à travers la littérature, je connais. Sans avoir connu le harcèlement scolaire, il est vrai que j’ai souvent cherché des réponses dans mes livres, que je me suis identifiée à des personnages et qui ont contribuer à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. Hélène est une jeune fille qui doute, elle ne sait pas encore que les gens qui la méprisent ne méritent pas son attention, tandis qu’il y aura toujours un « renard », un(e) autre qui l’aimera comme elle est. Une belle histoire donc, qui plus est, fort bien écrite par Fanny Britt dont l’univers sonne juste. Sa plume est douce et poétique. Quant à l’illustratrice, Isabelle Arsenault, ses dessins sont fabuleux. Tantôt dans les tons noir et blanc, tantôt dans une explosion de couleurs, toujours réussis. Finalement, plume et aquarelles s’entendent à merveille.

À mettre entre toutes les petites et grandes mains !

Merci Madame lit pour ce moment !

Ma note: 4/5

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Le journal d’Aurore, tome 1 de Marie Desplechin et Agnès Maupré

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Quatrième de couverture:

« Jeune fille seule comme un rat, affligée d’un physique monstrueux et d’une famille ennuyeuse, certainement athée, probablement lesbienne, détestant la terre entière, cherche jeune homme pour l’aimer à la folie… »

Ado moyenne d’une famille moyenne, Aurore a une vie dramatiquement lamentable, probablement déjà ratée… en pire !

Les dialogues malicieux de Marie Desplechin se marient joyeusement au dessin inventif d’Agnès Maupré, pour brosser un portrait plein de drôlerie, de finesse et d’intelligence qu’on ne se lasse pas de lire et relire.

Mon avis:

Merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres.

Lorsque mes yeux se sont arrêtés sur ce titre à la dernière Masse Critique, je suis retombée quelques années en arrière. Ces années collège où une copine de classe me prêtait les romans de Marie Desplechin sur une ado aussi singulière qu’universelle. Je me souviens de cette grande rouquine sur les couvertures de L’école des loisirs et de ses répliques poilantes.

Aujourd’hui, Aurore a changé, elle est brune, plutôt garçon manqué mais se cherche toujours beaucoup. En éternel conflit avec ses sœurs, ses parents, l’école, Aurore est en pleine crise existentielle et s’imagine que sa vie est une catastrophe. Heureusement, elle peut compter sur sa voisine et meilleure amie Lola qui entend tous ses malheurs et ses questionnements. Une question revient souvent, celle à laquelle on pense tout le temps à son âge, l’amour.

Le duo Marie Desplechin et Agnès Maupré offre une bande dessinée complètement dans l’air du temps où elles mettent en lumière les déboires de bien des ados. La peur de grandir, celle de ne pas savoir dire l’amour qu’on porte à sa famille, la peur d’être laissée et abandonnée, celle de ne pas savoir aimer et être aimé en retour, la peur d’échouer. Les thèmes entourant ces questions sont traités avec humour, même si je n’ai pas retrouvé le panache qui avait rendu Aurore presque incontournable, il y a quelques années. Aussi, j’ai aimé découvrir les illustrations d’Agnès Maupré, colorées et pétillantes, pleines de détails du quotidien. L’allure qu’elle donne à ses personnages a également eu son effet sur moi. Celle d’une allure nonchalante qui est aussi adorable à regarder qu’elle doit être à la dessiner.

En bref, il m’a manqué un petit quelque chose dans cette bande dessinée. Peut-être que si je n’avais pas lu les romans auparavant, cela aurait été différent, ou bien, peut-être, simplement, ai-je grandi et Aurore m’a semblé plus agaçante ? Alors voilà sans doute, ai-je perdu un peu de ma légèreté, mais les collégiens et collégiennes qui liront cette BD seront, quant à eux, ravis de trouver bien pire qu’eux !

Ma note: 3,5/5

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Ninn, tome 1 : La ligne noire de Jean-Michel Darlot et Johan Pilet

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Quatrième de couverture:

– On t’a trouvée dans ton couffin sur un quai de la station Saint-Sulpice ! Pas dans la jungle !
– Elle change sans arrêt, ton histoire, tonton…

Mon avis:

Prenez votre ticket et descendez les marches du métro parisien. Suivez Ninn entre les différentes stations, entrez dans un monde que vous pensiez connaître…

Ninn vit avec ses deux tontons adoptifs RATPistes. Ils l’ont trouvé alors qu’elle était tout bébé dans un des souterrains. Depuis elle y passe ses journées, et ne jure que par ça. En plus d’être son lieu d’aventures, le métro parisien cache aussi le secret de ses origines.

Avec ses oncles, la gentille dame du kiosque, ce vieil homme qui chasse des papillons imaginaires et le tigre de papier, la petite fille en skate va se lancer dans une quête identitaire. Ninn est une enfant intrépide très attachante. Elle n’a pas froid aux yeux et on aime s’aventurer avec elle dans les tunnels du métro. Les décors sont précis, j’ai trouvé le lieu très original et aimé la façon dont mon imagination a été suscitée.

Bourrée de péripéties, de frissons et d’humour, cette histoire est une vraie pépite jeunesse. À quand la suite ?!

Ma note: 4,5/5

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Abélard de Régis Hautière et Renaud Dillies

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« Personne n’est innocent ! On est tous coupables de quelque chose ! Hommes, femmes, tous ! Sauf peut-être les enfants. Mais les enfants sont des cons. »

Depuis qu’il a croisé la route de la ravissante Épilie, Abélard en a assez de la tranquillité du marais. Les parties de cartes, la pêche, c’est bien joli, mais ça ne vaut pas l’amour qui vient d’électrifier son petit corps. Il irait bien lui décrocher la lune à sa belle. Seul moyen de la séduire, paraît-il. Pour ça, le candide canari entreprend un voyage vers l’Amérique. Elle seule à la capacité de l’envoyer dans les étoiles.

Partir à l’aventure, voilà ce que promet l’amour au frêle Abélard. Lui, qui ne connait pas la réalité du monde, compose sa vie à partir des bouts de papier philosophiques qu’il trouve sous son chapeau. Des rencontres, il va en faire. Des bonnes et des moins bonnes. Mais il en faudrait bien plus pour le faire reculer. C’est sa vie qu’Abélard est en train de vivre…

Je crois que cette BD jeunesse est l’une des plus belles que j’ai pu lire. Il y a les dessins aux traits épais qui dessinent les contours de ces animaux extraordinaires. Ces couleurs chaudes qui font qu’on se sent un peu ailleurs, avant. Et des textes qui ne pourront laisser indifférents. C’est humain, c’est poétique, c’est beau. Je vous laisse le plaisir de vous y jeter. Elle vaut vraiment d’être lue. (surtout si comme moi vous finissez par la trouver au fond d’un bac oublié de la bibliothèque municipale…)

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« C’est joli, une étoile. Mais est-ce que ça vaut une fleur ? Et d’abord, ça sent quoi, une étoile ? Si ça se trouve, ça pue… »

Vous savez bien si vous avez lu le précédent tome, quelle rencontre rocambolesque a fait notre cher Abélard et vers quelle contrée lointaine se dirigent ce drôle de duo. Là encore, les yeux naïfs du petit canari vont se poser sur la dure réalité du monde. Pourtant, l’optimisme n’est plus vraiment à l’heure du jour. L’album se pare d’un voile sombre. Un tournant est en train de se faire… Et pourtant.

Je ne peux pas vous en dire plus, j’aimerais, mais ce serait dommage. Vous perdrez le plaisir de découvrir chaque nouvelle planche avec délectation, vous manquerez cette petite citation qui fait mouche, vous oublierez cette bande dessinée. Et oui, vraiment, ce serait dommage.

❤ ❤ ❤

Les blogs sont vraiment de chouettes choses… Merci Moka !

Attends Miyuki de Roxane Marie Galliez et Seng Soun Ratanavanh

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Quatrième de couverture:

Terre bleue et lune orange, le printemps s’habille pour sa première aube de l’année. Le jardin s’éveille et Miyuki, pieds nus, déjà levée, court en riant entre les travées. Vite vite, elle inspecte et s’assure que tout le monde est prêt. « Grand-Père, lève-toi, vite vite, lève-toi ! Le jour s’est réveillé avant toi ! »

Mon avis:

Un grand merci à Babelio et aux éditions La Martinière Jeunesse…

C’est le premier jour du printemps. Le jardin s’éveille en silence. Deux pieds nus déambulent entre les allées. La petite Miyuki, déjà réveillée, part saluer chacune des fleurs écloses. Mais patatras, l’une d’elles semble encore assommée par les nuits d’hiver et joue les prolongations. Son grand-père encore ensommeillé, la rassure, peut-être lui faut-il simplement l’eau la plus pure pour réveiller ses pétales si légers. Sans perdre de temps, Miyuki part à la recherche de cette eau si précieuse…

La petite fille impatiente et intrépide, qui n’en fait qu’à sa tête, ne passerait-elle pas à côté de ce joli jour qu’est le printemps ? N’oublie pas t-elle pas de regarder, d’écouter et de sentir la nature autour d’elle ? Tendre et sage, cet album ravira les petits comme les grands. Le texte poétique et délicat nous plonge dans une douce harmonie, tandis que les illustrations respirant le printemps sont aussi douces que les pétales d’une fleur.

Ma note: 5/5

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Pas assez pour faire une femme de Jeanne Benameur

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Quatrième de couverture:

À l’université dans les années 70 une jeune fille découvre la puissance formidable de l’amour.
D’un côté la joie qui emporte Judith vers Alain, le « meneur » convaincu de la lutte politique. de l’autre l’appartenance à une famille qui l’entrave, soumise à la tyrannie du père.
Ce roman est celui d’une tension.
Judith apprend à mettre en perspective sa « petite histoire » avec la grande, celle initiée par Mai 68. L’entrée dans le monde de la littérature, de la pensée et de l’action politique lui ouvre un chemin de liberté. Jusqu’où ?

Mon avis:

Dans les années soixante-dix, Judith rêve de liberté. Son entrée à la faculté de lettres lui offre une indépendance inespérée. Là-bas, elle rencontre Alain, étudiant un peu plus âgé qu’elle, rebelle révolutionnaire, aux convictions politiques très marquées. C’est le temps des grands bouleversements, l’université est sans dessus dessous depuis les remises en cause de Mai 68. Pour Judith, le temps est venu de devenir une femme, dans les bras d’Alain, elle découvre l’amour, l’autre. Mais, elle apprivoise aussi les mots, tous ceux qui ne sont pas dits chez elle, à cause d’un père à la main lourde.

Pas assez pour faire une femme est un roman simplement touchant. L’auteure fait preuve d’une justesse et d’une sensibilité envers le personnage qui pourrait rappeler nous-même… Qui n’a pas eu peur de grandir, de voir la vérité en face et d’être bien heureux quand une main tendue apparaît au bout du tunnel ? Le réconfort, Judith le retrouve dans la tendresse d’Alain, mais aussi dans la force que lui donnent ses lectures, elle parle philosophie, politique. Enfin, cette parole libérée, et petite Judith deviendra grande !

Ce court roman marque ma première rencontre avec l’écriture délicate et poétique de Jeanne Benameur… Encore une pile à lire qui va s’agrandir…

Ma note: 4/5

« Près d’Alain, son corps à lui contre le mien, ses mains qui tiennent les livres, sa voix qui m’explique l’oppression du monde, je prends force. Je prends force. »

« Quand je rentrais dans la maison de mes parents, je retrouvais l’atmosphère étouffante des lieux où la parole n’a aucune chance. »

Victoria rêve de Timothée de Fombelle

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Quatrième de couverture:

« Victoria voulait une vie d’aventures, une vie folle, une vie plus grande qu’elle. Et l’on disait tout autour d’elle : Victoria rêve. Mais depuis quelque temps, un monde imaginaire débarquait dans son existence. Elle avait l’impression d’une foule de personnages qui descendaient de sa bibliothèque en rappel pour venir semer leur pagaille. Victoria voulait savoir ce qui lui arrivait. Y avait-il un lien avec les livres qui disparaissaient de sa chambre ? »

Après « Tobie Lolness » et « Vango », Timothée de Fombelle dit ici la force de la lecture et de l’imaginaire aujourd’hui, envers et contre tout. C’est un petit livre sur les grands livres qui nous habitent.

Mon avis:

Victoria s’ennuie quelque peu à Chaise-sur-le-Pont, dans la cité des Aubépines. Sa sœur est d’une banalité désarmante et ses parents ne comprennent pas pourquoi elle passe son temps la tête dans les livres, seule échappatoire pour cette jeune collégienne.

À l’école, Victoria n’a pas d’amis, seul le petit Jo semble pouvoir dompter l’énergie de la jeune fille, et lorsque une série de disparitions et de bizarreries arrive dans la maison de son amie, il est le seul à oser mener l’enquête avec elle.

Entre stupeur et excitation, Victoria voit arriver ce qu’elle a toujours voulu. Une vie faite d’inattendu, d’aventures et de magie, à l’image des livres qu’elle emprunte à la bibliothèque ou qui bordent ses étagères.

Victoria rêve est un livre plein de tendresse. Parce qu’elle rêve d’une vie riche en folies, Victoria s’invente un monde imaginaire. À un certain égard, elle m’a rappelé la jeune Matilda de Roald Dahl. Si l’histoire a été à mon goût un poil trop courte pour me satisfaire complètement, la fin est d’une délicatesse sans nom et rien que pour cela j’irai voir de plus près le travail de Timothée de Fombelle, auteur immensément reconnu que je viens seulement de découvrir.

Je remercie le blog Folavrilivres pour son conseil de lecture et Claire du blog La Tête en Claire avec qui j’ai partagé cette lecture. Une première sur le blog, et j’espère pas la dernière ! Son article, par ici !

Ma note: 3,5/5

« Victoria pensait à tout ce qu’avait entendu cette horloge au fil de sa longue vie. Des disputes et des retrouvailles, des meurtres peut-être, des déclarations d’amour. L’horloge se retrouvait maintenant condamnée à supporter des bruits de couverts, des bavardages et les annonces météo de Chaise-sur-le-Pont. Si elle avait été cette horloge, Victoria savait qu’elle se serait déjà évadée. Ouvrir la fenêtre. Partir. Qui eût remarqué une horloge en fuite dans ces rues où personne ne regardait personne ? Enveloppée d’une cape noire, elle aurait sauté dans un train vers le sud. Elle ne serait plus jamais revenue. »